21/04/2014
Qui prétend diviser et influencer les évêques ?
Pressions extérieures d'athées pieux (comme dit Mgr Daucourt), pour déguiser en fracture le débat de la CEF sur les formes de l'engagement des laïcs catholiques dans les questions de société :
Chez les jeunes cathos français de 2014, il y a de l'inédit. Entre autres ceci : ils ignorent le clivage entre ''tradis'' et ''progressistes'' qui divisait les catholiques d'hier. Ce clivage religieux dissimulait une partisanerie séculière, que les politiques pouvaient manipuler. D'où aujourd'hui l'irritation des boutiques politiques, face à ces nouveaux jeunes qui tendent à leur échapper... Pour éviter ça, les boutiques cherchent à éloigner ces jeunes cathos de leur milieu naturel : l'Eglise hiérarchique. « L'Eglise enseigne que les évêques, en vertu de l'institution divine, succèdent aux apôtres comme pasteurs de l'Eglise : en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, et qui les rejette, rejette le Christ et Celui qui a envoyé le Christ », souligne le Catéchisme de l'Eglise catholique (1992), citant Lumen gentium (1964) : l'une des quatre constitutions dogmatiques du deuxième concile du Vatican. Cette position naturelle – et même surnaturelle – des évêques parmi leurs diocésains, dont les jeunes, ne fait pas l'affaire des récupérateurs partisans.
Ces derniers cherchent donc à créer un hiatus entre les jeunes catholiques et leurs évêques, successeurs des apôtres.
Cela consiste à dire que la légitimité et «l'identité » catholiques sont dans la rue depuis 2013 : et, par conséquent, que les bons évêques sont ceux qui ont manifesté avec LMPT. Ils sont peu nombreux. Sur les autres (plus des trois quarts de l'épiscopat), les boutiques de droite jettent plus ou moins le soupçon : ils n'étaient pas dans la rue, ils ne souscrivent pas aux mots d'ordre lancés par tel ou tel site de droite [1] ? donc ils manquent à leur rôle ! Car le rôle des évêques est désormais de suivre les consignes des boutiques...
Pour booster cette opération de division, on voit sortir dans la presse des articles qui donnent des noms. Un évêque va prétendument « dans le bon sens » ? On l'applaudit. Si les autres évêques n'y vont pas, c'est bien sûr parce qu'ils sont « socialistes ». Etc... Les boutiques de droite font le travail de division que Golias faisait à gauche : le truc dialectique qui consiste à publier des listes d'évêques, fichés, classés, notés (et conspués ou encensés) selon leur tendance présumée. Er voilà les catholiques renvoyés au vieux clivage tradis-progressistes, que l'on croyait obsolète depuis la fin du siècle dernier.
La chose se reproduit à propos de l'entretien donné à Stéphanie Le Bars (Le Monde, 20-21/04) par le président des évêques de France, Mgr Georges Pontier.
Dans cet entretien - exhaustif et charpenté - sur le débat démocratique, que dit l'archevêque de Marseille ?
Que les catholiques ''sont unis'' sur des fondamentaux comme ''le respect de la vie'', ''la justesse de la vie de famille'' ou ''la complémentarité homme-femme''... Mgr Pontier ajoute que la loi sur le mariage ''a été ressentie comme un artifice pour masquer des questions économiques et sociales'', et que le législateur ''a semblé agir avec précipitation et légèreté''... Sur le gender, il déclare : ''Une chose est de réviser des lois défavorables aux femmes ou de lutter contre les inégalités liées au sexe ; une autre est de dire que l'on peut choisir son sexe. Or je suis convaincu que certains courants militants sont à l'oeuvre dans la société pour porter ces visions. Et même si l'ensemble de la classe politique n'en est pas là, elle subit leurs pressions. Il s'agit pour moi d'une réelle inquiétude face à ce qui apparaît comme une déstabilisation de la personne humaine. Être homme ou femme n'est pas un fait culturel, c'est un fait naturel ; casser cela fragilise le monde, et favorise des attitudes suicidaires.... Le législateur ne se soucie plus de savoir si les lois qu'il produit respectent des valeurs de référence. Il conçoit son rôle comme accompagnateur des évolutions de la société, notamment en ce qui concerne la vie éthique personnelle... »
Aucune ambiguité dans cette analyse.
Pourtant des commentateurs de droite accusent Mgr Pontier. De quoi ? De « pactiser avec le gouvernement de gauche » ! [2]
On vient de le lire : ce texte de Mgr Pontier ne pactise pas.
Alors qu'est-ce qui rend furieux ces commentateurs ? D'autres passages de l'entretien du président des évêques... Les voici :
«Aujourd'hui, alors que tout fonctionne en réseau, il est de plus en plus fréquent que nous, évêques, soyons sollicités non pas pour savoir ce que nous pensons ou ce que nous pouvons indiquer à partir de l'Evangile, mais pour être ralliés à un camp. L'autorité ecclésiale et les évêques ne sont plus considérés comme une source de réflexion, de dialogue et d'écoute, mais comme une force que l'on requiert pour en faire un chef de clan... Dans le même temps, nous devons nous-mêmes prendre garde à ne pas instrumentaliser et installer l'Eglise dans un rapport de forces. Ce n'est pas notre ambition ! Le but n'est pas de faire triompher la partie chrétienne de la société contre une autre partie. Il y a, parmi les évêques, des orientations légitimement variées, mais nous n'avons pas à prendre position en fonction de motivations partisanes... »
«Nous devons nous libérer de nos peurs et de nos idéologies personnelles. Cela passe par une formation intellectuelle, mais aussi une vie spirituelle mieux enracinée. »
« Il nous faut aussi creuser la question des réseaux sociaux. Voir ce que nous en faisons, ce qu'ils font de nous, en quoi ils nous servent et en quoi ils aliènent notre liberté... Car ce qui est nouveau, c'est l'émergence de lobbies, leur efficacité, l'immédiateté, l'irrationalité de leurs réactions, la dramatisation des débats. »
Ces questions de Mgr Pontier sont celles que les lobbies, justement, ne veulent pas voir poser.
Mais l'épiscopat ne peut pas ne pas les poser, pour trois raisons :
1. Le lobby ultra se félicite – souvent et ouvertement – que les réseaux sociaux soient plus influents que les évêchés. Il parle de mettre le siège autour des évêques [3], et s'organise à ciel ouvert dans cette intention. Ces pressions (soigneusement relayées par les médias) font un effet désastreux sur l'opinion. Dans l'intérêt de l'évangélisation, un tel brouillage doit être dissipé.
2. Le catholicisme français doit éviter l'erreur que le pape François a signalée : s'obnubiler sur certains sujets en laissant tomber tous les autres. Comme le dit Mgr Pontier dans cet entretien, « il ne faudrait pas que les questions d'éthique individuelle nous fassent oublier les questions d'éthique sociale, internationale, environnementale, et rendent notre parole inaudible sur des sujets comme le sort des migrants ou le sort des salariés. » Or cet « oubli » est justement le fait du lobby ultra, papiste en apparence (et dans le seul domaine de la morale surtout sexuelle), mais pensant le contraire du pape sur les sujets socio-économiques essentiels.
3. Dans une société où les croyants devenus minorité doivent être évangélisateurs, ceux-ci sont appelés (dit Mgr Pontier) à « une radicalité de vie personnelle plus grande, mais il faut le faire sans nous raidir, et en montrant le moins d'écart possible entre ce que nous proclamons et ce que nous vivons. » Un redoutable contre-témoignage serait de militer à la fois « pour la famille » et pour le système économique qui détruit la famille, comme on le fait à droite... « Nous ne sommes pas un corps contre la société, mais un membre de cette société », rappelle l'archevêque de Marseille ? Pas facile d'expliquer ça à des catho-libéraux dont l'idole, Margaret Thatcher, disait : « Il n'y a que l'individu et le marché ; entre les deux je ne vois rien que l'on puisse appeler ''société''. »
PP.
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[1] Les sites en question ne sont pas ceux de LMPT : ce sont des parasites ultras qui prétendent déborder LMPT et harceler les évêques. Pour que les choses soient claires, je précise que j'ai pris part moi-même aux MPT, alors que ma critique des ultras est radicale. Ne pas confondre manifestants et récupérateurs ! C'est une situation complexe dont il faut saisir les nuances, pour ne pas faire d'amalgames ni commettre d'injustices.
[2] S'ils ajoutaient : la gauche ''socialo-communiste'', la régression à trente ans en arrière serait consommée.
[3] En gros : rejouer la Ligue de 1589, avec des claviers d'ordinateur comme arquebuses... (Plusieurs se prendraient volontiers pour le sieur La Chapelle Marteau, un nom prédestiné).
annexe
Le débat entre évêques
que les ultras cherchent à dialectiser
Lors des MPT, les prises de position épiscopales furent bien plus nuancées que ce qu'affirme le lobby ultra :
Pas de voix unique chez les évêques sur la manif
Jean Mercier - La Vie - 08/01/2013
<< Ils devraient être moins d'une dizaine à manifester dimanche 13 janvier. Si certains évêques appellent explicitement à descendre dans la rue, d'autres mettent en garde contre le risque de récupération politique ou pointent la défense de "valeurs" qui témoigneraient plus de la morale que de l'Evangile. Face à la marche du 13 janvier 2013, organisée par le collectif de la Manif pour tous, il n’existe pas de front unanime de la part des évêques français. Selon La Croix du 7 janvier, seuls huit évêques ont annoncé leur intention de défiler dans la foule, et 25 évêques (soit environ le quart de l’épiscopat) ont donné leur soutien. La plupart des hauts responsables de l’Eglise catholique n’ont donc pas souhaité renchérir sur leurs prises de position de l’été contre le projet de loi, considérant sans doute que leur message était alors clair et désormais suffisant.
Assez jaloux de leur indépendance, mais aussi soucieux de laisser une latitude à chaque conscience compte-tenu d’une opinion catholique assez diverse, les évêques se sont gardés de définir une ligne officielle épiscopale. Ils ont, le plus souvent explicitement, soutenu les prises de parole du cardinal André Vingt Trois, président de la Conférence épiscopale, lors de l’Assemblée plénière de Lourdes, début novembre. Le cardinal avait reconnu le droit des catholiques à “se manifester”, sans explicitement parler d’un devoir de manifester.
Ceux qui soutiennent explicitement la "manif pour tous"
La plupart des évêques qui se sont exprimés sur la pertinence d’une descente dans la rue, soulignent l’exigence d’un tel geste et appellent à la vigilance, rappelant qu’il existe d’autres moyens pour manifester son opposition, comme l’action auprès des responsables politiques, et rappellent que l’initiative n’est pas estampillée “catholique”.
Chez ceux qui soutiennent explicitement la "Manif pour tous", la bienveillance est réelle, mais sans emballement. Comme sous la plume de Robert Wattebled, évêque de Nîmes : “Dans cette manifestation de nature apolitique et non confessionnelle, des chrétiens se trouveront avec des personnes d'autres religions ou courants de pensée. Les catholiques gardois qui y participeront peuvent être assurés du soutien de leur évêque ainsi que de nombreux prêtres et autres membres de nos communautés chrétiennes.”
L’appel à la vigilance est souligné par Mgr André Marceau, évêque de Perpignan : “Tout citoyen a la liberté de « se manifester » pour faire part ainsi de son opinion. Descendre dans la rue doit se vivre dans le calme, le respect, la dignité. Il en va de la crédibilité de la démarche. Les attitudes provocatrices suscitent dans l’opinion des réactions inverses à l’adhésion souhaitée. (...) Pour notre département, des initiatives se font jour pour faciliter la participation au rassemblement du 13 janvier, je les encourage. (...) Mais continuons à réfléchir… à nous informer et à en parler autour de nous dans le respect des personnes.”
C’est dans le même esprit qu’écrit ainsi Hervé Gaschignard, évêque d’Aire et Dax, qui cite d’abord les moyens d’action que sont la prière et le dialogue : “J’invite en premier lieu tous les fidèles catholiques à demander à Dieu, dans la prière et le jeûne, sa lumière pour nous-mêmes et pour les consciences de tous nos concitoyens. On choisira, personnellement ou en famille, ce temps de prière et de jeûne. Pour ma part, je le marquerai le vendredi 11 janvier. Je souligne à nouveau l’importance de reprendre le chemin du débat, à tous les niveaux, avec tous les élus (députés, conseillers généraux ou régionaux, maires), sans se contenter de réponses péremptoires, de slogans, ni céder à l’agressivité et à la violence verbale. Que chacun écrive une lettre manuscrite à ses élus, organise un vrai débat avec ceux qu’il rencontre habituellement. J’encourage ceux qui pensent, en conscience, qu’ils doivent manifester leur opposition à ce projet, à rejoindre les femmes et les hommes de bonne volonté qui se réuniront à Paris, le 13 janvier prochain. Comme citoyens, nous devons participer à la vie politique, en utilisant les moyens d’expression qui sont ceux de la démocratie participative.”
En résumé, la volonté d’action démocratique est encouragée par les évêques. Mais on peut être un bon catholique et agir contre le projet de loi sans nécessairement se sentir forcé de descendre dans la rue.
Ceux qui craignent la récupération politique...
Sur ce dossier, les évêques marchent sur une ligne de crête, résumée par Luc Ravel, évêque aux armées :“Manifester dans la rue est un acte politique. C’est aussi un moyen démocratique légitime d’entrer dans le jeu où le peuple reste souverain et exerce son autorité propre : soit indirectement grâce à ses représentants, soit directement par des manifestations ou des élections dont le référendum fait partie. Il ne revient donc pas à l’épiscopat français de proposer une option politique particulière mais d’exercer son charisme prophétique. Il l’a déjà fait et le fera encore.” Le cardinal archevêque de Paris André Vingt-Trois a souligné au micro de RTL, juste avant Noël, qu’il n’avait pas besoin d’une manifestation en tant qu’homme d’Eglise : “Quand j’ai besoin de faire savoir quelque chose, je n’ai pas besoin de défiler”.
La plupart des évêques tiennent par dessus tout à ce que les catholiques ne puissent être associés à des dérapages d’ordre politique ou homophobe. C’est le cas de l’évêque de Limoges, François Kallist, qui appelle les catholiques à faire entendre leur voix. “avec discernement et prudence, en évitant les pièges d'une récupération politique”, précisant aussi “qu’il importe également qu'ils refusent toute parole ou comportement discriminatoire, et qu'il manifestent, à l'égard des personnes qui vivent d'autres réalités ou qui font d'autres choix, comme à l'égard de leurs proches, une plus grande attention fraternelle”.
Sans faire directement référence à la "Manif pour Tous", d’autres évêques ont souligné, à l’occasion des voeux destinés à leur diocèse, l’importance du dialogue, comme Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio :“Soyons donc vigilants pour démasquer les soubassements de ce qu’on appelle la pensée unique, et en même temps attentifs à ne pas diaboliser ceux qui ne partagent pas nos points de vue”. L’évêque de Coutances, Stanislas Lalanne appelle “à l’ouverture de notre vie et de notre coeur au service de nos frères”.
L’évêque de Nanterre, Gérard Daucourt, a fait une allusion cryptée aux catholiques sociologiques qui seraient tentés de récupérer la mobilisation contre le projet de loi au nom de soit disant valeurs chrétiennes, dans son dernier éditorial de la Lettre de l’Eglise catholique dans les Hauts-de-Seine : “Comme évêque, je me demande parfois si certains catholiques ne sont pas des "athées pieux" (phénomène connu en italie sous l'appellation "atei devoti"). L'athée pieux défend des "valeurs". Il s'engage généreusement dans des combats pour lesquels il fait référence à la morale chrétienne. Il participe à des rites chrétiens. Mais la question demeure : croit-il que le Christ est vivant, qu'Il nous aime, qu'Il nous sauve, qu'Il nous attend pour une vie éternelle ? Entretient-il une relation avec le Christ ? C'est en tout cela que consiste la spécificité de la foi chrétienne et on pas dans la défense de "valeurs" ou dans la générosité ou dans une morale, toutes réalités que vivent aussi les non-chrétiens”. L’évêque cite le cas d’une prostituée, obligée de commettre des actes répréhensibles au regard de la morale évangélique, mais croit fortement en Dieu. Il appelle à la nouvelle évangélisation, pour laquelle il trouve les athées pieux “anti-constructifs”. Désignant ensuite un horizon vaste pour 2013 : “Qui montrera à tous les laissés-pour-compte et à tous les souffrants que la foi chrétienne n'est véritable que si elle agit au service du prochain ?”>>
Les évêques doivent-ils participer à la Manif pour tous ?
Henrik Lindell – La Vie – 31/01/2014
<< Mgr Philippe Barbarin participera à la Manif pour tous le 2 février. Mgr Hippolyte Simon n'y va pas. Les deux justifient leur choix. Et rouvrent le débat sur la prise de position publique des hommes d'Eglise.
Le cardinal Barbarin manifestera le 2 février à Lyon. A l'instar d'autres évêques, dont Mgr Marc Aillet, il n'hésite pas à dire son devoir de « témoigner » de cette façon « au nom de l'Evangile ». Dans une tribune parue le 23 janvier dans La Croix, le primat des Gaules donne ses raisons précises. Pour lui, la loi sur le mariage pour tous risque d'ouvrir la porte à l'adoption d'enfants par des couples homosexuels. « Pour la première fois, écrit-il, verra le jour une génération d’enfants privés intentionnellement de l’un de leurs parents. » Mgr Philippe Barbarin craint en effet que « le changement de civilisation annoncé par Christiane Taubira se joue maintenant, spécialement dans le cadre de la loi famille. Elle ne parlera ni de GPA ni de PMA, mais on sait que, chassées par la porte officielle, ces questions rentreront par la fenêtre des amendements. » « Au fond, ces mesures consacreraient le droit de l’adulte sur le droit de l’enfant, le droit du plus fort sur celui du plus faible », explique l'archevêque. Ainsi son choix de suivre l'exemple du Bon Samaritain dans l'Evangile : « Pour les enfants sans naissance, sans parents, sans voix, pour les personnes sans âge, sans avenir, pour les sans-papiers, sans-pays, sans-domicile-fixe (...) la parabole du Bon Samaritain m’interpelle : moi, Philippe, prêtre, je ne peux pas "passer mon chemin" ! ».
Sur le fond, Mgr Hippolyte Simon est évidemment d'accord. L'Eglise catholique, dans son enseignement, s'oppose au mariage homosexuel. Dans une tribune-réponse à Mgr Barbarin parue dans La Croix le 30 janvier, l'archevêque de Clermont-Ferrand dit même être « choqué par un gouvernement qui s’obstine à ne pas entendre les avertissements de celles et ceux qui le mettent en garde contre des dérives libérales-libertaires qui ne conduisent qu’à réinstaurer la loi du plus fort au détriment des plus faibles ». Pourtant, lui ne marchera pas le 2 février. Tout en respectant le choix de témoignage de ses « frères » évêques, il explique que ses « divergences » avec eux « portent sur la méthode ». Pour Mgr Simon, il n'est point nécessaire de rappeler la position de l'Eglise, car celle-ci est « claire, constante et bien connue ». Mais, il faudrait « s’interroger sur la manière dont elle est reçue ». Et d'établir un parallèle avec les manifestations… anti-avortement. En effet, selon l'archevêque, « les manifestations contre le mariage pour tous sont perçues comme étroitement liées à celles relatives à l’avortement. On ne peut pas les séparer, car notre attitude vis-à-vis du mariage retentit inévitablement sur la manière dont nous sommes compris par les personnes concernées par une interruption de grossesse. »
Il ne s’agit pas pour nous de prendre une initiative pour secourir un enfant abandonné, rappelle Mgr Simon. Il s’agit au contraire d’espérer qu’une femme, en détresse devant la révélation d’une vie qui s’annonce en elle, osera traverser la rue pour venir sonner à la porte de la maison paroissiale, du presbytère, de l’aumônerie du lycée ou d’une association d’accueil. » L'archevêque insiste sur le risque pour l'Eglise d'opter pour une attitude de condamnation. Face aux femmes qui avortent, « qui serions-nous pour aller les dénoncer ? » demande-t-il.
L'ecclésiastique adresse ce message aux manifestants : « Ce que me semblent oublier les gens qui manifestent avec trop de force, c’est tout simplement ceci : pour sauver un enfant encore blotti dans le secret du sein maternel, il n’y a qu’un seul chemin, celui qui consiste à parler à la conscience de sa mère. Tout le reste serait violence… Or, pour pouvoir parler à la conscience de cette femme, encore faut-il qu’elle ose venir nous parler la première ou que ses amis intimes, à qui elle a confié son secret, l’incitent à venir nous parler. » Pour l'archevêque, « nous pouvons à juste titre dénoncer les carences de certains représentants de l’État, mais il me semble que nous avons surtout besoin de retrouver notre crédibilité au sein de la société civile. »
La crédibilité de l'Eglise. En l'occurrence le témoignage de l'amour de Dieu. Là semble bien être l'enjeu partagé pour ces deux évêques représentatifs de l'Eglise catholique de France. Ni l'un ni l'autre n'évoquent les catholiques qui ne sont tout simplement pas d'accord avec l'enseignement fondamental de l'Eglise sur le mariage. Or, à en croire les débats riches sur les réseaux sociaux en ce moment, leur participation à la Manif pour tous est aussi critiquée pour cette raison.
09:42 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : catholiques, christianisme
Commentaires
CONTRE-TEMOIGNAGE
> On peut, d'ailleurs, trouver ici ou là des blogs qui se défient de l'Eglise et des catholiques, parce que ceux-ci ne s'intéresseraient pas aux pauvres, aux licenciés ... et à tous les malheureux nés, mais seulement à ceux qui ne sont pas encore nés, aux embryons et aux fœtus. Les cathos-libéraux y sont sûrement pour quelque chose, dans cette impression que se font les auteurs de ces blogs !
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Écrit par : Aurélien Million / | 21/04/2014
LE POINT DE VUE DE KOZ
> Cher Patrice,
Je suis heureux de me retrouver pleinement dans ce billet, ce que je vais peut-être d'ailleurs moi-même préciser. Je partage votre analyse sur les ultras, la CEF, le rôle des évêques, et sur la division entretenue par certains. Une petite nuance toutefois : je me demande si les réactions de certains ces derniers temps n'ont pas été surjouées et n'ont pas entretenu cette division.
Amitiés,
Erwan
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Écrit par : Koz / | 21/04/2014
LOBBIES
> Merci, cher PP, pour cet éclairage pascal sur les manipulations des ultras. Mais ces manips, d’autres s’y adonnent dans le camp d’en face (manips pour tous !), à commencer par le microcosme gravitant autour de Jean-Pierre Mignard et de la CCBF de Mmes Pedotti et Soupa.
Il suffit de lire la toute dernière chronique de René Poujol, dont on connaît pourtant les liens avec ces chrétiens dits « progressistes » (les lignes bougent !). René Poujol y vole gentiment dans les plumes de l’avocat PS et patron de « Témoignage chrétien » : http://www.renepoujol.fr/lettre-ouverte-a-jean-pierre-mignard/ .
Ainsi écrit-il à Mignard, à propos des manifestations suscitées par le « mariage pour tous », dans une « lettre ouverte » :
« Concernant les catholiques de ce pays, votre analyse est donc réductrice qui tend à nous faire croire que, dans ce débat, il n’y aurait au fond, qu’une forte minorité intransigeante, manipulée par une extrême droite haineuse, et une majorité silencieuse de catholiques finalement acquis à la loi… et aux évolutions de société à venir. Non : il existe aussi, entre les deux, une quantité non négligeable de catholiques, souvent engagés dans la vie sociale, associative et ecclésiale, qui ont pu être sensibles au symbole égalitaire du mariage pour tous, tout en restant réfractaires à une remise en cause de la filiation ; des catholiques laïques et républicains, ouverts au dialogue avec la société dans l’esprit de Vatican II et du pape François, mais “objecteurs” tant du libéralisme économique que du libertarisme sociétal. J’en suis, modestement, et nombre d’amis avec moi qui avons ou non voté pour François Hollande tout en signifiant dès le départ notre opposition résolue à certains de ses projets sur le mariage gay ou la fin de vie. »
Denis
[ PP à D. - C'est pourquoi j'insiste sur la complexité de la situation et l'urgence du discernement. Halte aux énervements irrationnels qui font le jeu des pêcheurs en eau trouble. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Denis / | 21/04/2014
DEPUIS LE TEMPS
> L'analyse de Mgr Pontier sur les réseaux sociaux. Depuis le temps qu'on attendait ça !
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Écrit par : Emmeline / | 21/04/2014
LA VIE COMMUNAUTAIRE
> J'ai lu l'article de Mgr Pontier, c'est vraiment une question qui est cruciale. Il faut vraiment continuer ce débat.
Focaliser sur une question sur des sujets sensibles et ô combien lieu de souffrances, sans l'illuminer par une perspective de sens de la vie, de l'homme "appelé par son nom et choisi pour les autres", donc une cohérence avec les sujets économiques, écologiques, qui parlent de la vie humaine et sociale... ça rend le message inaudible voire faussé.
A ce titre, "la joie de l'évangile" est très enseignante.
Au-delà des sites "catho-réducteurs", il ne faudrait pas sous-estimer comme cause la manière dont nous faisons communauté entre chrétiens au sein des paroisses par exemple. Cette enjeu pastoral, avec celui aussi d'une pastorale sociale, carrément à reconstruire dans certains déserts, à un lien très fort me semble-t-il avec un renouveau de l'évangélisation.
Les clivages tradi/progressistes qui sont dépassés ne seraient-ils pas encore handicapants dans ses conséquences, à cause de ces omissions qu'il faut combler sur le terrain ?
A cet égard, l'initiative "des pasteurs selon mon cœur" pour réintroduire une forme de théologie pastorale au sein de l'église (sur ces questions les séminaristes était très peu formé sur ce point de la vie communautaire), lancée par les initiateurs du parcours alpha et expérimenté dans un diocèse, est sans doute une réponse de fond parmi d'autre à apporter, que j'ai trouvé très intérressante (Cf. une émission sur KTO).
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Écrit par : Christian O. / | 21/04/2014
> Petite nuance (qui ne remet pas en cause l'ensemble de l'analyse et son bien-fondé) : la tribune de Mgr Simon dans la Croix était rigoureusement incompréhensible...
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Écrit par : Maud / | 21/04/2014
Mgr BROUWET
> à lire sur figaroVox, l'interview de Mgr Brouwet qui va dans le sens de Mgr Pontier !
http://www.lefigaro.fr/vox/religion/2014/04/18/31004-20140418ARTFIG00303-la-fete-de-paques-a-t-elle-encore-un-sens-religieux.php
''Q.- Les évêques ont eu à Lourdes des échanges vifs sur les rapports entre l'Eglise et le monde contemporain. Comment l'Eglise doit-elle parler au monde?
Mgr B. - Je crois que les media ont exagéré la vivacité des débats. Les évêques sont tous d'accord sur la nécessité de susciter des échanges, des dialogues, des réflexions de fond, en particulier sur les sujets de société avec tous ceux qui ont des convictions, y compris quand elles ne sont pas les nôtres. C'est indispensable pour bien comprendre les enjeux d'un débat ; nous ne pouvons pas réfléchir seuls. Le problème est de savoir si nous avons encore la culture de cette recherche longue, patiente exigeante du bien, du vrai, du juste. Un lent travail de la raison est nécessaire, là où on préfère, par économie intellectuelle, l'émotion et les slogans.
Q. - Les chrétiens sont parfois moqués comme anachroniques, ils provoquent souvent l'indifférence. Sont-ils condamnés à vivre à contre- courant et à perdre les combats temporels?
Mgr B. - Les chrétiens n'ont pas la mission de gagner des combats. Ils veulent seulement témoigner de l'amour de Dieu pour tout homme, un amour sans condition qui les appelle à la vie. C'est cet amour, et lui seul, qui sauve le monde. Il ne s'impose pas par la force du droit ou par des jeux politiques. Il est accueilli dans le cœur des croyants comme un feu qui embrase tout leur être et qui illumine leur conscience, leurs décisions, leurs projets. L'Evangile se répand de cette manière ; sans bruit, sans violence, sans stratégie. C'est, comme vous le dites, un peu à contre-courant… ''
Tout est dit. Merci Monseigneur.
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Écrit par : luça / | 21/04/2014
PRUDENCE SALUTAIRE
> La prudence affirmée par certains évêques est en effet salutaire : la récupération par les "boutiques politiques" (judicieuse appellation) ne saurait qu'entraîner de bonnes volontés dans le genre d'oscillation "gauche-droite" (une seule dimension : c'est pauvre !) qui tourne à un phénomène de résonance stérile, aboutissant à l'hystérisation de tout débat ; les nuances (évoquées dans votre article et dans son annexe) qui peuvent exister entre les évêques étant sans doute trop subtiles pour que les tenanciers des susnommées boutiques prennent le temps de s'y intéresser, ces derniers s'efforceront de les "projeter" sur leur unique dimension, celle des lassants "clivages gauche-droite".
Quant aux "manifs pour tous" : parmi les récupérateurs, il y a certes les ultras, mais aussi l'UMP. Au sujet de cette dernière boutique (ou faut-il dire : grand magasin ?), rappelons à certains esprits naïfs qu'au moment des premières manifestations ces gens étaient trop occupés à se choisir un chef, question naturellement beaucoup plus préoccupante que tout le reste.
Cela dit, joyeuses Pâques à vous et à tous vos lecteurs.
Sven Laval
[ PP à SL - Joyeuses Pâques à vous ! ]
réponse au commentaire
Écrit par : Sven Laval / | 21/04/2014
LMPT EST NON-CONFESSIONNELLE
> Si nous voulons faire des évêques nos chefs politiques, nous abdiquons notre liberté et notre responsabilité : "Il appartient en particulier aux laïcs d'éclairer les questions temporelles" (Vatican II). Pour ma part, je suis trop attaché à ma liberté pour demander à la hiérarchie de bénir mes engagements, encore moins de les diriger. En revanche, que la parole des évêques éclaire les engagements personnels des catholiques et leur apporte un soutien spirituel, ça oui !
La note 1 sur LMPT est juste. Je témoigne que LMPT n'a jamais rien exigé des évêques en termes de soutien ni de présence aux manifs, et les évêques n'ont jamais interféré dans la stratégie LMPT.
LMPT est une association non-confessionnelle : les débats ecclésiaux lui sont extérieurs.
Joyeuses Pâques à tous !
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 21/04/2014
NON INFORMÉE
> Si nos évêques s'exprimaient clairement sur l'enseignement de l'Eglise et sa doctrine , il n'y aurait aucune possibilité de récupération et s'ils annoncaient à la face du monde le Christ Ressuscité, il y aurait des conversions et pas besoin de débat.
simros
[ PP à S. - Puis-je vous suggérer de vous informer un peu ? ]
réponse au commentaire
Écrit par : simros / | 21/04/2014
DISCUSSION
> Votre réflexion part peut-être d'un article du Figaro daté du 18 04 et intitulé "Cathos et rebelles". Cet article a été abondamment relayé sur tweeter avec le commentaire: "Comment l'épiscopat s'est coupé de sa base". Je l'ai lu et relu car il résonne avec mon histoire personnelle et sans doute avec celle de beaucoup de cathos de ma génération. Je m'explique.
Dans les années 70, mes parents, cathos engagés, se sont mis à militer "en ACO" (Action Catholique Ouvrière). Ils ont superposé le langage marxiste à celui de l'évangile, qui en est devenu brouillé et incompréhensible pour l'ado que j'étais. J'ai alors quitté l'église pour ne la retrouver que près de trente ans plus tard. « L'internalisation du marxisme » dans les mouvements d'église a sans doute éloigné beaucoup de jeunes croyants, qui simplement n'y comprenaient rien.
J'ai ressenti cette douloureuse déchirure de mes 15 ans en lisant cette phrase de l'article référé ci-dessus : « Certains évêques, enfin, plutôt bienveillants pour le gouvernement socialiste, ne voulaient pas gêner son action, considérant la question du mariage homosexuel comme un débat de société mineur. »
J'éprouve un net malaise, qui n'est pas politique (je ne suis pas militant), lorsque je me prends à supposer que la hiérarchie de l'église puisse avoir une sorte d'allégeance à un parti idéologique quelconque. Simplement j'ai l'impression de m'être fait avoir une fois, et chat échaudé craint l'eau froide.
Pierrot
[ PP à Pierrot :
- Non, ma réflexion ne part pas d'un article du Figaro. Elle part de l'entretien de Mgr Pontier, que l'article en question ne peut avoir mis en cause puisqu'ils est paru avant.
- 'Le Figaro' accuse-t-il vraiment de "socialisme" les évêques qui n'ont pas soutenu les manifestations ? Si c'était le cas, je ne pourrais que déplorer ce procès politique fait à des successeurs des Apôtres. Il suffit de lire les deux articles de 'La Vie' cités en annexe pour voir de quel ordre sont les réserves exprimées par ceux qui n'ont pas soutenu LMPT.
- Vouloir ramener la situation de 2014 à celle des années 1970 est un anachronisme. Les deux époques n'ont aucun rapport. J'avais vingt ans en 1968, j'ai vu comment l'idéologie soixante-huitarde a parasité (et empêché) la réception de Vatican II. Ayant retrouvé la foi chrétienne vers 1985 en voyant l'Esprit Saint à l'oeuvre à travers l'action de Jean-Paul II, je ne vois pas pourquoi vous désespérez de l'Eglise.
- Relisez l'entretien de Mgr Pontier : il devrait vous rassurer. (À moins que vous n'ayez d'autres préventions que vous n'exprimez pas dans votre commentaire ? Vous semblez "vouloir" croire au bien-fondé de l'accusation partisane portée contre les évêques... ]
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Écrit par : Pierrot / | 21/04/2014
SUR LES DEUX JAMBES
> merci pour cette analyse intéressante.
Ces discussions autour des « questions de société » sont un bon exemple d’approches différentes sur l’évangélisation.
Ces dernières années, le message évangélique était tourné vers le « centre », vers le noyau des fidèles, un noyau en soi très affaibli. Le but était à mes yeux d’essayer de le renforcer, de le raffermir, avant d’aller dans un second temps vers les périphéries. Comment et pourquoi aller vers les autres lorsqu’on ne sait plus/pas ce qu’on est soit même ? Cette stratégie a l’avantage de travailler sur le fond et la faiblesse de tourner en vase clos.
Depuis quelques mois, une autre façon de faire se met en place. Celle-ci saute l’étape du « centre » pour s’adresser directement et presque exclusivement aux périphéries. Cela permet une certaine ouverture au monde. En même temps, cette approche comporte un risque « effet trou noir » : le non renforcement du noyau et les forces centripètes des périphéries menant à une implosion.
Il est sans doute difficile de concilier ces deux méthodes. Cela est malgré tout nécessaire afin d’éviter que l’Eglise ne marche sur une seule jambe.
Cordialement,
Helmut
[ PP à Helmut :
- Merci de ces réflexions, qui vont au cœur du sujet.
- Votre conclusion est la mienne : marcher sur les deux jambes.
- Vous avez raison d'indiquer le risque de chacune des deux attitudes, mais aucun choix humain (même inspiré par le divin) n'est garanti sans défaut !
- L'orientation "extravertie" du pape François est salubre : elle intervient au moment où la phase précédente ("renforcer" le noyau interne) risquait de dégénérer en repli, et de se laisser détourner (en partie) vers on ne sait quels "combats pour les valeurs".
- Le mouvement de "sortie" vers les périphéries est, en soi, une évangélisation du catholique lui-même : il n'y a pas de christianisme dans le repli sur soi !
- Quant au mythe de la "formation" indispensable, on voit où il a mené la droite catho après cinquante ans de cercles d'études aussi intransigeants que cérébraux et stériles : dans des compromissions avec des forces économiques très peu chrétiennes ; forces que les papes, pour leur part, dénoncent avec opiniâtreté...
- Vous le savez comme moi : la seule formation indispensable est la connaissance des fondamentaux spirituels (le superbe 'Catéchisme de l'Eglise catholique', d'une richesse théologique et scripturaire inépuisable), la connaissance vivante de l'Evangile, et la connaissance de la doctrine sociale : mais une connaissance loyale, acceptant que nos petites opinions soient mises en question par la marche de l'Eglise... ]
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Écrit par : Helmut / | 22/04/2014
@ Guillaume de Prémare,
> Il me semble qu'ici, la question n'est pas de savoir s'il faut "demander à la hiérarchie de bénir mes engagements, encore moins de les diriger", mais plutôt si les catholiques peuvent se permettre de juger leurs évêques sur leurs réactions ou positions face à un problème social comme celui du "mariage pour tous".
Et je crois qu'effectivement, trop souvent, des catholiques mal informés, plus ou moins consciemment, considèrent rapidement que la hiérarchie catholique, quand elle ne va pas dans le sens du camp choisi, est molle voire plus dans ses positions.
Nous avons tout intérêt, il me semble, à purifier notre regard de catholique de toute vision de clan ou de parti et à être réellement à l'écoute de nos évêques plutôt que du "Figaro" ou de "Valeurs Actuelles", par exemple.
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Écrit par : Olivier le Pivain / | 22/04/2014
RETROUVER LE SENS DE L'EGLISE
> La réforme protestante est enfant de l'invention de l'imprimerie. Jusque-là on n'avait accès à la Parole divine et à ses commentaires qu'au travers le filtre des lettrés de l'Eglise. Lire était quasi un acte public qu'on ne pouvait poser qu'avec l'accord institutionnel :il fallait être autorisé à se rendre dans la bibliothèque d'une abbaye ou université, avoir statut de moine ou d'étudiant. Et ce que l'on pouvait griffonner, si l'on avait aussi appris à écrire, demeurait lettre privée.
Avec l'imprimerie, tout lettré peut avoir dans l'intime de son poêle sa Bible, les écrits des Père de l'Eglise comme des Antiques, et on peut à son tour publier sans passer par les moines copistes. Le pouvoir du livre, sa possession, sa publication, sa rédaction, se démocratise, et derrière c'est l'autonomie de la pensée qui se lève.
Pour le meilleur mais aussi pour le pire.
Le meilleur, c'est par exemple Montaigne qui, se refusant à l'exercice de toute autorité, en fait l'outil de la quête personnelle d'une sagesse proprement humaine. Reprenant le ton de la confidence intime de l'ami à l'ami, comme jadis saint Augustin dans ses Confessions.
Le pire, ce sont ces docteurs auto-proclamés qui tancent à tort et à travers Papes et Docteurs du haut de leur suffisance, Galilée théologien mal luné qui ridiculise le Pape du haut de ses thèses erronées, Descartes éradicateur masqué de la nature derrière l'exécution publique de la tradition philosophique,...,
mais aussi de braves et honnêtes gens dont la popularité sera vite récupérée par les politiciens de l'époque. Les écrits protestants comme armes de propagande anti-papistes.
Nous sommes au débuts d'une révolution de même ampleur avec internet.
N'importe qui peut publier sa propre compréhension de telle ou telle encyclique, refaire sa traduction des paroles du Christ, commenter la parole politique, publier des selfie à l'occasion de manifestations,non plus seulement à l'intention de petits cercles d'influence, étudiants et autres groupes plus ou moins confidentiels, mais avec ce pouvoir de créer le buzz, dans la catho-sphère comme à l'échelle de la planète entière.
Et la tentation revient plus forte que jamais, face à la prudence rebaptisée depuis longtemps lâcheté, -oui souvent avec raison- de nos élites, de prendre la place, puisque n'est-ce-pas, sur la toile, j'ai davantage de légitimité démocratique avec mes milliers de signatures, de suiveurs, que ces gens qui détiennent l'autorité et trop souvent se refusent à agir.
Dans l'Eglise, particulièrement en France, nous avons toujours ce penchant pour la rebellion (avec le gallicanisme, bien avant 1789) prompts à toiser l'autorité papale et à dresser nos petits tribunaux d'Eglise locale, au bonheur des pouvoirs temporels (Jeanne sur le bûcher).
Toutes les rancoeurs et les critiques longtemps cultivées dans l'intimité des conversations familiales de nombreux catholiques, de droite en particuliers, trouvent aujourd'hui pignon sur web, le net en relai d'actions politiques coup de poing, enfin, -ah, que cela défoule! et chacun depuis son blog est tenté de se prendre et pour Pierre en chaire et pour Louis XX (si si, face aux imposteurs politiques,nous nous sentons tous investis par le Ciel,et la Sainte Ampoule n'est jamais loin, d'ailleurs De Gaulle lui-même...).
Nous cherchons aussi le cousin évêque Rémi qui baptisera nos troupes, et qu'on aille quérir le Pape pour le faire assister à notre couronnement!
Sérieusement, quand j'entends que des collégiens de la mouvance LMPT critiquent la mollesse du Pape "on le croyait bien, mais finalement il ne fait rien", répéter sans en comprendre le sens que les femmes qui avortent sont des criminelles ("moi, même si c'est quelqu'un de ma famille, je ne veux plus jamais la voir"), je m'interroge. Apprendre aux enfants à faire la leçon aux adultes au nom de la Foi, flatter non sans démagogie l'intransigeance naturelle des jeunes,c'est préparer je crains des Saint-Barthélémy.
Tragédie des guerres de religion où l'on croyait avoir tout compris de la foi, parce qu'on avait lu par soi-même, quand elle est fille du réel qui s'enracine dans la longue histoire de l'Eglise, et prend chair d'abord dans notre quotidien, pas dans nos rêveries.
En appeler au rétablissement de l'autorité paternelle ne suffit pas à nous positionner du côté de l'obéissance du Fils de Dieu. Si c'est nous qui dictons au Père ce qu'il doit dire et faire!
Brandir l'icône de la mère ne fait pas de nous des enfants de l'Eglise, si c'est pour cracher sur celles qui sont jugées indignes!
Comment se saisir aujourd'hui de cette nouvelle proximité, virtuelle, avec l'autorité religieuse, -ce qui est une chance à saisir!-, sans nous penser à égalité sous prétexte d'être mieux informé et en raison de notre @popularité, quand ce n'est pas notre petite personne qui est experte en humanité, mais bien l'Eglise en tant que communauté hiérarchisée.
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Écrit par : Anne Josnin / | 22/04/2014
"UNE EXPRIENCE PERSONNELLE"
> Merci pour votre réponse, Patrice.
Mais non non non ! Je ne désespère pas de l'église, c'est même tout le contraire !
Et je ne voulais exprimer aucune prévention, n'en ayant pas envers quiconque dans l'Eglise, et encore moins un jugement.
Je voulais exprimer cette expérience personnelle, qui doit être partagée, que, oui, la génération « anté- Jean-Paul II » a été perturbée par l'idéologie soixante-huitarde. Nous étions ado (période délicate des choix de vie fondamentaux) dans une époque de tourbillons idéologiques, y compris dans l'église. Il en reste une cicatrice dans le vécu de la foi, qui nous rend plus sensible à la question de la rencontre de la foi et de l'idéologie. Les plus jeunes de ma famille, qui sont de la « génération JP II » ont suivi un chemin plus cohérent et plus entier (que je leur envie).
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Écrit par : Pierrot / | 22/04/2014
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